1. Qu’est-ce qu’une lettre ouverte ?
Une lettre ouverte est un texte rédigé selon les codes épistolaires (forme de lettre, destinataire clairement identifié), mais publié publiquement dans un média, sur un site internet, un blog ou un réseau social. Contrairement à une lettre privée, elle n’a pas vocation à rester confidentielle : sa publication est l’essence même de sa stratégie.
2. Quelles sont ses origines ?
Le genre remonte au XIXe siècle, avec des figures politiques, intellectuelles ou artistiques qui choisissent la lettre comme forme d’interpellation publique. Parmi les plus célèbres : “J’accuse” d’Émile Zola, une lettre ouverte adressée au président de la République et publiée dans L’Aurore en 1898, au cœur de l’affaire Dreyfus.
La lettre ouverte naît donc d’un besoin : interpeller publiquement une autorité ou une institution en assumant une prise de position forte.
3. Qui écrit une lettre ouverte – et à qui ?
- Des personnalités publiques : artistes, chercheurs, élus, chefs d’entreprise…
- Des collectifs : ONG, associations, groupes de citoyens, syndicats…
- Des entreprises : en particulier dans un contexte de crise ou de plaidoyer.
Quant au ou aux destinataires :
- Il peut s’agir d’un décideur précis (ministre, PDG, dirigeant politique…)
- D’un acteur collectif (entreprise, administration, organisme)
- Ou, de manière plus symbolique, de l’opinion publique elle-même.
L’ambiguïté est assumée : on écrit “à quelqu’un”, mais on s’adresse “à tous”.
4. Quelle est l’utilité d’une lettre ouverte en relations presse ?
Dans le cadre des relations presse ou de la communication d’entreprise, la lettre ouverte peut remplir plusieurs fonctions :
- Créer un moment médiatique : c’est une forme narrative qui attire l’attention des journalistes. Elle peut facilement faire l’objet d’un relai dans une tribune, un article ou un sujet télé.
- Inciter à la réaction : le ton interpellatif pousse le destinataire à répondre, renforçant la visibilité de la prise de position.
- Poser un cadre éthique ou politique : une entreprise peut, par exemple, prendre publiquement position sur un enjeu de société (environnement, droits humains, accès à l’innovation…) pour montrer qu’elle agit avec transparence.
- Contourner les circuits institutionnels : plutôt que d’envoyer un courrier en espérant une réponse, on s’adresse directement à l’opinion pour créer une forme de pression publique.
C’est d’ailleurs une pratique maîtrisée par les top 10 agences relations presse, qui savent orchestrer le timing, le ton et le relai médiatique de ce type de contenus.
5. Quelles sont les limites de cet exercice ?
- Risque de récupération ou de déformation : une lettre ouverte devient publique, donc interprétable, critiquable, parfois détournée.
- Surproduction : à force d’être utilisée à tout-va, la lettre ouverte peut perdre de son impact. Une entreprise qui en publie trop finit par banaliser ses prises de parole.
- Fragilité juridique : toute publication expose à des risques de diffamation ou de litige, en particulier si des personnes ou des faits sont explicitement mentionnés.
- Réception incertaine : si elle est mal calibrée ou jugée opportuniste, une lettre ouverte peut provoquer un rejet massif, notamment sur les réseaux sociaux. L’effet boomerang n’est jamais loin.
6. Conclusion : une arme de communication à manier avec stratégie
La lettre ouverte reste un outil puissant, à condition d’être utilisée à bon escient.
Ni communiqué de presse, ni post d’humeur, elle nécessite un positionnement clair, un angle fort et une maîtrise du contexte dans lequel elle s’inscrit.
Bien pensée, elle devient un acte de communication engagé. Mal utilisée, elle peut faire plus de bruit que de bien.
